Originaire de Caen, le débarquement allié sur les côtes normandes en 1944 marque le point de départ de son spectre de recherches sur le folklore, la transformation du paysage et des modes de vie.
Son travail se noue depuis plusieurs années autour du modèle de maison préfabriquée américaine « UK 100 » qui fût installée dans le nord-ouest de la France dans l’après-guerre.
Ces architectures modestes sont l’occasion pour lui de questionner l’habitat individuel, les utopies modernistes, notre rapport à l’archive ainsi que les liens formels, sensibles, culturels entre la culture étatsunienne et ouest-européenne, et les rapports de force que ces liens sous-tendent.
Par la pratique de la sculpture, de la performance, de l’installation ou du film, Clément Hébert tente de dessiner un grand portrait de notre temps en réhabilitant des histoires mineures tout en étant attentif à ce que la « grande » Histoire peut nourrir comme intrigues.
Diplômé de l’ERG de Bruxelles, Clément obtenu son doctorat dirigé par Valérie Vignaux et Dominique Dehais, en décembre 2024.
Site personnel de Clément Hébert.
Exposition "NY Syndrome" - Octobre 2021
Soutenance de Thèse
UΚ-100, un habitat mοderniste ? Οbjet symptοmatique et labοratοire critique.
Sous la direction de Valérie Vignaux et de Dominique Dehais.
Date : lundi 16 décembre 2024
Horaire : à partir de 13h
Lieu : ésam Caen/Cherbourg, site de Caen - Salle des Conseils.
Le jury sera composé de :
- Bonamy Robert (Professeur des universités, Université de Poitiers)
- Dehais Dominique (Professeur émérite, École Nationale Supérieure d’Architecture de Normandie)
- François Arnaud (Maître de conférence HDR, École Nationale Supérieure d’Architecture de Normandie)
- Gisinger Arno (Professeur des universités, Université Paris 8 Université Vincennes St-Denis)
- Joschke Christian (Professeur, Beaux-Arts de Paris)
- Vignaux Valérie (Professeur des universités, Université de Caen Normandie).
Résumé
À la fin de l’année 2017, je découvre dans la presse locale l’annonce de la destruction d’un baraquement UK-100 à Caen, un modèle de maison d’urgence livré par les États-Unis après la Seconde Guerre mondiale. L’histoire de cette maison n’a jamais été écrite. Parce que c’est un « objet » mineur, parce que c’est une maison individuelle et reproductible, une maison pour les classes populaires qui, en plus, n’est signée par aucun architecte. Dès lors, les habitants et la presse vont véhiculer tout un tas de discours contradictoires sur ces maisons : on a dit qu’elles n’avaient pas été installées en Angleterre alors qu’elles l’ont été, ou bien qu’elles venaient de Californie.
Et si ces récits correspondaient à une réalité, celle des imaginaires d’une époque ?
La recherche s’attache d’une part à écrire l’histoire de cette maison et d’autre part à examiner de quoi cette architecture serait le symptôme.
En France, l’importation de ces maisons n’est pas le fruit d’une politique ferme, mais plutôt une réponse urgente à la nécessité de reloger les populations après la guerre. Ces maisons symbolisent donc un moment transitoire, un « impensé », et ont créé des espaces de mixité, d’entraide et de joie.
Aux États-Unis, la maison UK-100 s’inscrit dans l’héritage du New Deal et a été conçue dans une perspective de diffusion du confort et de l’hygiène à travers une architecture hybride, à la fois moderniste en raison de l’héritage d’une génération d’architectes européens émigrés aux États-Unis et vernaculaire dans la tradition de l’architecture rurale américaine.
Toutefois, elles ont aussi incarné une domestication du travail, en particulier celui des femmes en tant que travailleuses domestiques, ainsi que la segmentation des espaces de la maison selon le genre. La maison UK-100 est également un produit construit en série qui a circulé sans tenir compte des territoires sur lesquels elle a été installée. Malgré son caractère modeste, la maison UK-100 incarne un symbole majeur de l’architecture du XXe siècle, c’est donc un objet symptomatique proposé comme laboratoire critique.