À chaque rentrée, l’ésam Caen/Cherbourg, en partenariat avec L’Artothèque de Caen, présente au public les travaux de ses diplômé·es de grade Master (DNSEP option Art, DNSEP option Design Éditions et DNSEP option Design & Transitions) lors d’une exposition dont le commissariat est confié à une personnalité extérieure.
Du 26 septembre au 22 octobre, l’exposition POLYomino curatée par Liza Maignan rassemblera ainsi les travaux des 38 jeunes artistes et designers diplômé·es en juin 2025 : Marine Beuve, Gaëlle Beuzit, David Boba, Camille Boulay, Lylou Briaud, Paola Chunga, Élodie Coudray, Elona d’Andréa, Angélique d’Aboville, Bastien Donat, Margaux Dubois, Diandra Dufeal, Chici Fang, Valentine Février, Coralie Freyssac, Clélia Gobbato, Antoine Graff, Andy Grandillon, Lilian Hervet, Margaux Krause, Ambroise Le Goff, Léïa Le Gouix, Tom Lescure, Lilit Letourneur, Rina Oh, Ophélie Parlant, Léonie Plançon, Elie Pleintel, Antonin Popelin, Antonin Provost, Némo Richard-Roussel, Clément Salvy, Alice Stym-Popper, Mélanie Taffin, Florie Thomas, Tom Toudic, Julie Vesval et Bai Zhu.
Informations pratiques
Vernissage le 26 septembre à 18h à L’Artothèque puis à 19h30 à l’ésam
Exposition du 26 septembre au 22 octobre 2025
Entrée libre et gratuite
Fiche de salle
Photos des vernissages
Horaires d’ouverture :
- à l’ésam - site de Caen (grande galerie, atrium et atelier étudiant·es) : du lundi au jeudi de 12h à 18h et le vendredi de 12h à 17h le vendredi
- à L’Artothèque, Espaces d’art contemporain de Caen (Espace Projet) : du mardi au samedi de 14h à 18h.
Avec le soutien du Ministère de la Culture (AMI CulturePro) et de la Région Normandie (dispositif Normandie Sup’).
À propos de l’exposition
"En mathématiques, le polyomino est une figure née de l’assemblage de carrés identiques, juxtaposés par leurs côtés. De cette combinatoire infinie est né Tetris : un jeu où chaque forme, si singulière soit-elle, trouve son sens en dialogue avec les autres.
Cette logique d’assemblage s’offre comme métaphore pour l’exposition des diplômé·es 2025 de l’école supérieure d’arts & médias de Caen/Cherbourg. Chaque artiste est une pièce autonome, façonnée par ses recherches, ses rythmes, ses formes. Mais la rencontre de ces trajectoires compose un champ plus vaste : un paysage collectif, un espace où les œuvres se frôlent, se soutiennent ou se confrontent, révélant de nouveaux contours.
Car, comme dans un polyomino, l’enjeu n’est pas seulement dans la singularité de chaque forme, mais dans la manière dont elle s’agence, s’imbrique, se tisse dans l’ensemble. L’exposition devient ainsi un terrain d’expérimentations partagées : une construction mouvante où les singularités ne disparaissent pas, mais trouvent dans la rencontre une extension, une résonance, une possibilité nouvelle.
L’espace de l’Atrium devient une place publique, l’exposition s’y fait ludique et traversante : un lieu ouvert où les œuvres deviennent jeux, gestes à activer, voix à écouter. Les propositions de Gaëlle Beuzit, Bastien Donat, Chici Fang, Clélia Gobbato, Lilian Hervet, Léïa Le Gouix y prennent la forme d’une ludothèque vivante, où l’on s’attarde, manipule, rejoue. Quelques exemplaires du fanzine collectif, issu d’un premier workshop de rencontre, circulent également comme traces imprimées de cette communauté temporaire. Le grand mur, lui, porte le titre de l’exposition et l’ensemble des noms, inscrits dans une typographie conçue par Lilian Hervet.
La seconde salle s’ouvre tel un espace mental, une chambre intérieure, traversée de souvenirs personnels et réminiscences collectives. Les œuvres exposées y évoquent des voix — murmurées, effacées, parfois réduites au silence — qui tracent les contours d’une mémoire plurielle. Ces voix et ces corps dessinent l’ossature d’une architecture sensible, où chaque image, chaque forme devient l’écho d’une expérience vécue, à la fois singulière et universelle. Le récit intime, loin de se refermer sur lui-même, devient un point de jonction avec des récits partagés. L’espace se fait alors lieu de résonance : un terrain de rencontre entre les œuvres de Coralie Freyssac, Andy Grandillon, Valentine Février, Lylou Briaud, Lilit Letourneur, Tom Lescure, Rina Oh, Antonin Popelin et Antonin Provost qui engagent une lecture croisée, intime et politique, du monde. Les récits individuels ne se contentent pas d’exister pour eux-mêmes : ils ouvrent des brèches dans le réel, des passerelles vers une mémoire commune.
La troisième salle se déploie comme un territoire en mouvement. Elle explore les lieux que nous habitons, réels ou imaginaires, intimes ou politiques. Les œuvres y prennent la forme de cartographies sensibles : elles recueillent les traces des expériences vécues, des récits transmis, des communautés traversées. Chaque espace devient un lieu de rencontre entre les corps, les matières et les histoires — familiales, fictives ou partagées. Ce sont ces liens qui composent les propositions d’Angélique D’Aboville, Ambroise Le Goff, Paola Chunga, Diandra Duféal, Margaux Dubois, Camille Boulay, Marine Beuve, Élodie Coudray, Florie Thomas, Julie Vesval, Ophélie Parlant, Elona D’Andrea, David Boba, Margaux Krause, Léonie Plançon, Elie Pleintel et Mélanie Taffin.
Enfin, quelques kilomètres plus loin, L’Artothèque de Caen conclut le parcours par une ouverture vers le collectif. Ici, les corps se rassemblent, les voix se superposent, les formes se déploient à plusieurs. La vitalité subversive de la communauté s’y incarne pleinement : dans la pulsation de la musique, l’énergie d’un carnaval, le dessin et le collage d’images provenant d’un magazine des années 1950, l’étrange convivialité d’un banquet cannibalisé, ou les pages d’ouvrages collectifs. Ambroise Le Goff, Antoine Graff, Alice Stym Popper, Clément Salvy, Diandra Duféal, Némo Richard-Roussel et Tom Toudic y composent un dernier chapitre où les fragments deviennent un corps commun, sans jamais perdre leur singularité.
Comme un polyomino, l’exposition avance de l’individuel vers le partagé, du fragment vers l’ensemble, de la solitude vers l’entrelacement. Chaque œuvre est une pièce singulière, qui trouve sa place dans une constellation toujours recomposée. Réunis, ces fragments forment une image ouverte — un polyomino infini, où chaque regard, chaque rencontre, chaque pas ajoutent une nouvelle figure au jeu."
Liza Maignan, septembre 2025
* Liza Maignan (1990, Toulouse) est curatrice et autrice indépendante. Elle est diplômée d’un DNSEP de l’institut supérieur des arts de Toulouse, département beaux-arts (2016) et d’un master 2 professionnel « L’art contemporain et son exposition » de Sorbonne Université (2019). Elle mène diverses activités dans le champ de l’art contemporain, tel que le commissariat d’expositions : like a crossword saying - you should take a breath now, DOC (Paris, 2024), Les assistantes du vide, La Salle de Bains (Lyon, 2023), Sleep No More, co-curatée avec Fiona Vilmer, Placement Produit (Aubervilliers, 2021), L’Almanach des Aléas, à la Fondation d’entreprise Ricard, Paris (2019), la rédaction de textes pour des expositions ou des catalogues, d’articles ou de textes libres pour diverses publications (La Belle Revue, Revue Post-it, C’est les vacances (éditions Burn-Août & Eugénie Zély), Revue Dragonnes, Catalogue du 67ème Salon de Montrouge). En 2023 elle est lauréate de la bourse TextWork de la Fondation d’entreprise Pernod Ricard pour l’écriture de l’essai “Rumeurs des villes” (disponible en ligne). Elle a dirigé la galerie Florence Loewy de 2020 à 2025.
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